Article rédigé le 15 mars 2024 par Sioban Lamoure

La pandémie de COVID-19 et les périodes de confinement qui ont suivi ont mis en lumière l’importance cruciale de la santé dans les préoccupations de la population française. Selon un sondage de l’Ifop publié en mai 2023, la santé est en tête des priorités citoyennes depuis 2020, devant le pouvoir d’achat et le chômage. Mais comment concilier la vie en milieu urbain et le maintien d’une bonne santé, alors que nos villes sont caractérisées par une qualité de l’air insuffisante, une densité de population croissante et des risques climatiques accrus ?

Face à ce défi majeur du XXIe siècle, les acteurs locaux ont un rôle essentiel à jouer pour améliorer la santé des citadins en agissant sur divers facteurs.

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Ville et santé : un lien historique

A travers les époques, les villes ont souvent été des foyers d’épidémies en raison de la densité de population et de l’insalubrité qui y règnent, comme en témoignent les épidémies de peste bubonique au Moyen Âge. Au XIXe siècle, les politiques hygiénistes apportent des améliorations significatives en introduisant des mesures d’assainissement des eaux usées, de gestion des déchets et de réglementation des habitations surpeuplées. L’aménagement urbain intègre désormais des espaces verts et des parcs publics, offrant un cadre propice à la détente et à la santé mentale et physique des citadins.

Les villes se sont parfois structurées autour d’établissements de santé historiques, comme le Grand Hôtel Dieu à Lyon, aujourd’hui lieu de vie moderne aux multiples facettes, qui a longtemps été reconnu comme une institution emblématique de la santé et de l’hospitalité à l’échelle nationale et fait partie intégrante du patrimoine lyonnais. 

La structuration d’un urbanisme favorable à la santé 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état complet de bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». En 1987, la notion d’Urbanisme Favorable à la Santé (UFS) est théorisée pour permettre la prise en compte systématique de la santé dans les projets d’aménagements urbains. Un réseau mondial de Villes-Santé voit le jour pour favoriser une coopération internationale sur le sujet.

En 2002, lors du Sommet de la Terre de Johannesburg, la notion de santé durable apparaît pour compléter la définition de l’OMS : « état complet de bien-être physique, mental et social atteint et maintenu tout au long de la vie grâce à des conditions de vie saines, enrichissantes et épanouissantes et à l’accès à des ressources appropriées, de qualité, utilisées de façon responsable et efficiente ».  Cette définition met l’accent sur la question environnementale, et lie la santé aux secteurs économiques et socio-culturels, dans une dimension plus globale. 

Prévenir pour mieux guérir

La santé en ville peut être abordée de manière préventive. Un certain nombre de critères préalables doivent être garantis pour être en bonne santé : le logement, l’accès à l’éducation, l’alimentation, le revenu… c’est ce que l’on appelle les déterminants de santé, c’est-à-dire les facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent l’état de santé des individus ou des populations. 

Source : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-01/Mesure%20des%20in%C3%A9galit%C3%A9s%20sociales%20-%20d%C3%A9terminants%20sociaux%20et%20territoriaux%20de%20la%20sante.pdf

Selon de nombreuses études, comme celle du Bipartisan Policy Center Health Program menée en 2012,  l’état de santé des individus serait très largement déterminé par les modes de vie et les paramètres socioéconomiques et environnementaux.

Ce schéma permet de visualiser et comprendre les différents déterminants de santé et leurs catégories:

L’engagement crucial des acteurs locaux 

Les acteurs locaux, publics comme privés, professionnels de santé ou non, ont un rôle à jouer pour la santé en ville. 

Le design actif, par exemple, est un outil qui encourage la mobilité et l’activité physique des citoyens par l’aménagement de l’espace public. Concept très développé à l’étranger mais encore peu connu en France, il permet aux individus de se réapproprier l’espace public, de favoriser l’accessibilité et la mixité d’usages tout en mettant en valeur le patrimoine existant. Dans un contexte national de forte sédentarisation, encourager l’activité physique présente de nombreux bienfaits pour la santé, à la fois physique et mentale. Collectivités, entreprises, peuvent s’emparer de ces outils d’aménagement pour agir en faveur de la santé des citoyens.

Également, la végétalisation des espaces urbains est un facteur de bien-être et de bonne santé. Alors qu’en France, environ 40000 personnes décèdent prématurément chaque année à cause de l’exposition aux particules fines, la végétalisation a pour effet d’améliorer la qualité de l’air. Un milieu végétalisé joue aussi sur la santé mentale, diminue le stress, améliore l’estime de soi et la créativité, procure du bonheur… un levier à impact positif qui peut être porté par plusieurs typologies d’acteurs.

Source : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/pollution-de-l-air-ambiant-nouvelles-estimations-de-son-impact-sur-la-sante-des-francais

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